Nous
ne pouvons pas éviter la mort, mais nous pouvons nous en occuper...
Le sujet de la mort n'est pas le sujet le plus facile à aborder à notre époque, mais il y a une citation qui dit ceci : "La
vérité vous libérera, mais d'abord elle vous énervera."
Alors, c'est avec ça en tête que cet article va tenter de parler de la mort au 21ème siècle.
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Klimt - La Vie et la Mort |
La
première chose qui énervera certains d'entre vous,
c'est
que nous tous, allons mourir
au
21ème siècle.
Il
n'y aura pas d'exception.
Même s'il
y a, apparemment, près d'une personne sur huit qui
pense être immortelle, d'après des enquêtes, mais malheureusement,
ça ne sera pas le cas.
Une autre citation, celle-ci de Steve Jobs résume assez bien la situation :
«
Personne ne veut mourir.
Même
ceux qui veulent aller au Paradis, ne veulent pas mourir pour y
arriver.
Et
pourtant la mort est la destination que nous partageons tous.
Personne
ne s’en est jamais échappé.
Et
c’est comme il se doit, car la mort est très probablement la
meilleure invention de la vie.
C’est
l’agent du changement dans la vie.
Elle
efface l’ancien pour faire place au nouveau. »
La
deuxième chose dont il est important de parler à propos de la mort au 21ème
siècle, à part le fait que ça va arriver à tout le monde, c'est
que ça s'annonce un peu comme une catastrophe ferroviaire pour la
plupart d'entre nous, sauf si nous essayons de faire quelque chose
pour dévier ce processus de sa trajectoire inexorable.
A
notre époque, le décès intervient de plus en plus à la suite de défaillance d'organes,
lorsque les organes respiratoires, cardiaques, rénaux s'arrêtent de fonctionner.
Chacune de ces défaillances
nécessite une admission aux soins intensifs,
pour
qu'en fin de compte, à un moment ou un autre,
quelqu'un
dise que c'en est assez.
Au
moins six personnes sur dix mourront de cette
façon, c'est-à-dire d'une diminution des capacités avec une
fragilité croissante. La fragilité étant une conséquence
inévitable du vieillissement. L'augmentation de la fragilité est en
fait la cause principale de décès aujourd'hui. Dans les
dernières années, ou la dernière année de notre vie, nous aurons à
faire face malheureusement à beaucoup d'infirmité.
Que pourrait-il y avoir de positif à dire après tout cela ? Ce qu'il y a de positif, c'est que
de nos jours cela arrive à un âge avancé. Nous allons tous, pour la
plupart, atteindre ce stade. Autrefois, l'espérance de vie était beaucoup plus courte et c'est ce qui arrive quand on vit jusqu'à un âge
avancé, l'augmentation de la durée de la vie
signifie plus de vieillesse, pas plus de jeunesse.
Aujourd'hui
seulement 20 % des personnes meurent à domicile et la grande
majorité en milieu hospitalier.
Pourtant,
quand on pose la question aux français, 80 % souhaiteraient passer
leurs derniers instant chez eux.
Alors
que se passe-t-il ?
Et
bien, il est possible de dire deux choses. La première c'est que la mort a été
exclue de notre société, c'est nous même qui l'avons exclue.
Auparavant, nos aînés étaient gardés à la maison et l'on s'en
occupait, jusqu'à leur dernier souffre. La mort était vécue aux
yeux de tous, la mort faisait partie de la vie.
Aujourd'hui,
la mort est sortie de la sphère de l'intime et de notre quotidien,
elle est mise en scène de manière extraordinaire au cinéma, à la
TV, mais la mort ordinaire, celle qui nous touchera très
certainement est écartée, occultée, ignorée. Le sujet n'est pas abordé en
famille, encore moins avec les enfants. Comme si l'on avait peur de mourir
rien qu'en en parlant.
Dans
le milieu hospitalier, là où la majorité des gens meurent, ce
n'est pas beaucoup mieux. Le rapport du Dr Sicard nous dit à ce
sujet, que la mort y est tabou, que l'on ose pas en parler ni dans
les familles, ni dans les maisons de retraite... La culture en milieu
hospitalier exclut la mort de ses préoccupations, la mort à
l’hôpital étant vu comme un échec.
Pour
résumer, on ne parle de la mort, ni en famille, ni en maison de
retraite, encore moins en milieu hospitalier. Et les
constats sont les même dans beaucoup d'autres pays du monde, il
n'existe pas d'exception française sur le sujet.
La
mort aujourd'hui est aseptisée, elle se déroule le plus souvent à
l'hôpital de manière technique. Chacun s'en conforte, sauf quand ça
nous tombe dessus. On se dit alors qu'on y était vraiment pas
préparé.
Aujourd'hui
nous avons le choix, nous pouvons vraiment prendre conscience que
nous avons un problème et que le problème est aggravé par ceci :
Nous
savons, que nous allons tous mourir, mais ce que nous ne savons pas
c'est que la façon dont nous mourons est en fait très importante,
pas seulement pour nous, évidemment, mais aussi dans la manière
dont cela va toucher la vie de ceux qui nous survivent. La façon
dont nous mourons a des conséquences dans l'esprit de tous ceux qui
nous survivent, le stress que la mort provoque dans une famille est
énorme, et par exemple on éprouve 7 fois plus de stress en mourant
aux soins intensifs qu'en mourant n'importe où ailleurs.
Ce
que nous pouvons aussi dire c'est que même si nous ne pouvons pas
éviter la mort nous pouvons penser et préparer la fin de notre vie. Nous
pouvons préparer notre mort, afin d'alléger le fardeau des
décisions que ceux que nous aimons auront à prendre et ainsi créer
la possibilité d'une fin en paix, remplie de vie.
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Girodet - Funérailles d'Atala |
Quand
le décès survient, on se retrouve dans une situation très
exceptionnelle, qui ne relève jamais de l'ordinaire ou du quotidien,
sauf pour les employés des pompes funèbres. En moyenne, dans notre
vie nous sommes en contact seulement 2 fois avec des services
funéraires. Nous ne disposons pas de l'expérience ou des
connaissances nécessaires pour que la relation avec l'opérateur de
pompes funèbres soit équilibrée. L'émotion vécue lors d'un décès
peut conduire une famille à dépasser le budget prévu, voire à
s'endetter, en considérant que le mort « le valait bien ».
La conscience professionnelle des opérateurs funéraires est mise à
l'épreuve et certains n’hésitent pas à « jouer » sur l’émotion
des familles (en les culpabilisant d’en faire trop peu) pour
accroître leur bénéfice. La
mauvaise réputation du secteur étant en grande partie fondée sur
cette exploitation du chagrin et de l'ignorance.
L'industrie
funéraire formate aujourd'hui l'organisation des funérailles,
d'autant plus si aucun plan n'a été fait à l'avance. Peu de gens
s'intéressent à ce secteur commercial et il est plus simple de
payer, en essuyant ses larmes. C'est plus facile, mais pas forcément le plus économique. Il existe des moyens d'économiser des
sommes d'argent sur les frais d'obsèques. Pour cela il faut sortir
des chemins tracés par les opérateurs funéraires et faire preuve
de plus d'imagination et de créativité, ou de bon sens parfois.
Au
regard de tous ces éléments, tout en sachant que d'ici 2050 plus
d'un français sur trois aura plus de 60 ans, avec quelques personnes
on a eu une petite idée. Pour illustrer cette petite idée,
j'aimerai faire un parallèle entre la manière dont est traitée la
naissance de nos jours et la manière dont la natalité était
considérée il y a une trentaine d'année. Et notre petite idée
c'est que nous pourrions peut-être traiter la mort et la fin de la
vie, comme la natalité aujourd'hui. Dans les années 80 aux
états-unis sont nés avec la génération des babyboomers des
mouvements en faveur d'une prise en compte plus globale de la
natalité, d'une naissance plus naturelle et plus respectueuse,
de l'enfant à naître, de la mère mais aussi du père.
L’accompagnement global à la naissance c'est considérer que la
grossesse et la naissance ne sont ni une maladie ni un acte médical,
mais des processus naturel. De ces mouvements ont émergé toute les
politiques d'accompagnement et de suivi de la grossesse, de
préparation à l'accouchement, de naissance naturelle et de suivi
après la naissance. Alors la petite idée ce serait de se demander
mais pourquoi la mort qui est aussi un processus naturel, ne serait
pas considérée de la même manière ? Sachant que cela va tous nous
arriver, souvenez-vous, la catastrophe ferroviaire, comment
pouvons-nous devenir acteur de notre propre mort ? Comment
pouvons nous penser à nos proches et alléger le fardeau des
décisions qui s'imposeront à eux lors de notre vieillissement et
notre mort ?
Alors
le projet, c'est que cette petite idée pourrait se concrétiser au
travers d'une entreprise, mais pas n'importe quel type d'entreprise.
Une entreprise coopérative, dans laquelle nous pourrions tous
devenir acteur de notre propre mort mais aussi de la fin de notre
vie. Une entreprise qui permettrait de rassembler des acteurs de
l'accompagnement de fin de vie, de l'organisation des obsèques, de
l'accompagnement au deuil. Une entreprise qui vous permettrait
d'aborder tous les sujets qui ont à voir avec la fin de la vie et
les obsèques. Une entreprise co-propriété de ses usagers. Une
entreprise qui n'utiliserait pas ses bénéfices pour participer à
l'enrichissement personnel ou à rentabiliser des fonds
d'investissements comme cela peut être aujourd'hui le cas pour les
pompes funèbres privées, mais qui utiliserait ses bénéfices pour
sensibiliser, informer, conseiller, accompagner ses membres, afin
qu'ils puissent, non pas éviter la mort, elle est inévitable, mais
au moins leur permettre de s'en occuper et d'en devenir des acteurs,
se réapproprier ce moment qui fait fait partie du processus de vie.
Il
s'agit donc d'un projet de création de coopérative de services
funéraires, d'organisation d'obsèques, qui serait la copropriété
de ses membres, au service de ses membres ; Une agence funéraire qui
s'engagerait à accompagner et conseiller largement en amont du
décès, afin de leur faciliter les prises de décisions, aussi bien
sur la fin de la vie que sur l'organisation des obsèques pour eux et
pour leurs proches, une entreprise qui permettrait d'organiser de
véritables hommages et rituels personnalisés en fonction des
croyances et des ressources de chacun, une entreprise qui proposerait
également un accompagnement au deuil quand cela est difficile, pour
permettre à chacun de dire au revoir et de revenir à la vie malgré
le décès d'un proche.
Donc
si tout ce que j'ai dit fait écho à votre expérience, aux valeurs
que vous défendez, alors participez et contribuez à ce que
cette coopérative, qui serait la première en France, voit le jour. Pour suivre le projet et le soutenir inscrivez-vous et laissez-nous vos coordonnées en complétant ce formulaire