vendredi 4 juillet 2014

Tous acteur de notre mort

Nous ne pouvons pas éviter la mort, mais nous pouvons nous en occuper...

Le sujet de la mort n'est pas le sujet le plus facile à aborder à notre époque, mais il y a une citation qui dit ceci : "La vérité vous libérera, mais d'abord elle vous énervera." Alors, c'est avec ça en tête que cet article va tenter de parler de la mort au 21ème siècle.

Klimt - La Vie et la Mort
La première chose qui énervera certains d'entre vous, c'est que nous tous, allons mourir au 21ème siècle. Il n'y aura pas d'exception. Même s'il y a, apparemment, près d'une personne sur huit qui pense être immortelle, d'après des enquêtes, mais malheureusement, ça ne sera pas le cas.
Une autre citation, celle-ci de Steve Jobs résume assez bien la situation :
« Personne ne veut mourir.
Même ceux qui veulent aller au Paradis, ne veulent pas mourir pour y arriver.
Et pourtant la mort est la destination que nous partageons tous.
Personne ne s’en est jamais échappé.
Et c’est comme il se doit, car la mort est très probablement la meilleure invention de la vie.
C’est l’agent du changement dans la vie.
Elle efface l’ancien pour faire place au nouveau. »

La deuxième chose dont il est important de parler à propos de la mort au 21ème siècle, à part le fait que ça va arriver à tout le monde, c'est que ça s'annonce un peu comme une catastrophe ferroviaire pour la plupart d'entre nous, sauf si nous essayons de faire quelque chose pour dévier ce processus de sa trajectoire inexorable.

A notre époque, le décès intervient de plus en plus à la suite de défaillance d'organes, lorsque les organes respiratoires, cardiaques, rénaux s'arrêtent de fonctionner. Chacune de ces défaillances nécessite une admission aux soins intensifs, pour qu'en fin de compte, à un moment ou un autre, quelqu'un dise que c'en est assez.
Au moins six personnes sur dix mourront de cette façon, c'est-à-dire d'une diminution des capacités avec une fragilité croissante. La fragilité étant une conséquence inévitable du vieillissement. L'augmentation de la fragilité est en fait la cause principale de décès aujourd'hui. Dans les dernières années, ou la dernière année de notre vie, nous aurons à faire face malheureusement à beaucoup d'infirmité.
Que pourrait-il y avoir de positif à dire après tout cela ? Ce qu'il y a de positif, c'est que de nos jours cela arrive à un âge avancé. Nous allons tous, pour la plupart, atteindre ce stade. Autrefois, l'espérance de vie était beaucoup plus courte et c'est ce qui arrive quand on vit jusqu'à un âge avancé, l'augmentation de la durée de la vie signifie plus de vieillesse, pas plus de jeunesse.


Aujourd'hui seulement 20 % des personnes meurent à domicile et la grande majorité en milieu hospitalier.
Pourtant, quand on pose la question aux français, 80 % souhaiteraient passer leurs derniers instant chez eux.
Alors que se passe-t-il ?
Et bien, il est possible de dire deux choses. La première c'est que la mort a été exclue de notre société, c'est nous même qui l'avons exclue. Auparavant, nos aînés étaient gardés à la maison et l'on s'en occupait, jusqu'à leur dernier souffre. La mort était vécue aux yeux de tous, la mort faisait partie de la vie.
Aujourd'hui, la mort est sortie de la sphère de l'intime et de notre quotidien, elle est mise en scène de manière extraordinaire au cinéma, à la TV, mais la mort ordinaire, celle qui nous touchera très certainement est écartée, occultée, ignorée. Le sujet n'est pas abordé en famille, encore moins avec les enfants. Comme si l'on avait peur de mourir rien qu'en en parlant. 

Dans le milieu hospitalier, là où la majorité des gens meurent, ce n'est pas beaucoup mieux. Le rapport du Dr Sicard nous dit à ce sujet, que la mort y est tabou, que l'on ose pas en parler ni dans les familles, ni dans les maisons de retraite... La culture en milieu hospitalier exclut la mort de ses préoccupations, la mort à l’hôpital étant vu comme un échec.

Pour résumer, on ne parle de la mort, ni en famille, ni en maison de retraite, encore moins en milieu hospitalier. Et les constats sont les même dans beaucoup d'autres pays du monde, il n'existe pas d'exception française sur le sujet.
La mort aujourd'hui est aseptisée, elle se déroule le plus souvent à l'hôpital de manière technique. Chacun s'en conforte, sauf quand ça nous tombe dessus. On se dit alors qu'on y était vraiment pas préparé.
Aujourd'hui nous avons le choix, nous pouvons vraiment prendre conscience que nous avons un problème et que le problème est aggravé par ceci :
Nous savons, que nous allons tous mourir, mais ce que nous ne savons pas c'est que la façon dont nous mourons est en fait très importante, pas seulement pour nous, évidemment, mais aussi dans la manière dont cela va toucher la vie de ceux qui nous survivent. La façon dont nous mourons a des conséquences dans l'esprit de tous ceux qui nous survivent, le stress que la mort provoque dans une famille est énorme, et par exemple on éprouve 7 fois plus de stress en mourant aux soins intensifs qu'en mourant n'importe où ailleurs.

Ce que nous pouvons aussi dire c'est que même si nous ne pouvons pas éviter la mort nous pouvons penser et préparer la fin de notre vie. Nous pouvons préparer notre mort, afin d'alléger le fardeau des décisions que ceux que nous aimons auront à prendre et ainsi créer la possibilité d'une fin en paix, remplie de vie.

Girodet - Funérailles d'Atala
Quand le décès survient, on se retrouve dans une situation très exceptionnelle, qui ne relève jamais de l'ordinaire ou du quotidien, sauf pour les employés des pompes funèbres. En moyenne, dans notre vie nous sommes en contact seulement 2 fois avec des services funéraires. Nous ne disposons pas de l'expérience ou des connaissances nécessaires pour que la relation avec l'opérateur de pompes funèbres soit équilibrée. L'émotion vécue lors d'un décès peut conduire une famille à dépasser le budget prévu, voire à s'endetter, en considérant que le mort « le valait bien ». La conscience professionnelle des opérateurs funéraires est mise à l'épreuve et certains n’hésitent pas à « jouer » sur l’émotion des familles (en les culpabilisant d’en faire trop peu) pour accroître leur bénéfice. La mauvaise réputation du secteur étant en grande partie fondée sur cette exploitation du chagrin et de l'ignorance.

L'industrie funéraire formate aujourd'hui l'organisation des funérailles, d'autant plus si aucun plan n'a été fait à l'avance. Peu de gens s'intéressent à ce secteur commercial et il est plus simple de payer, en essuyant ses larmes. C'est plus facile, mais pas forcément le plus économique. Il existe des moyens d'économiser des sommes d'argent sur les frais d'obsèques. Pour cela il faut sortir des chemins tracés par les opérateurs funéraires et faire preuve de plus d'imagination et de créativité, ou de bon sens parfois.

Au regard de tous ces éléments, tout en sachant que d'ici 2050 plus d'un français sur trois aura plus de 60 ans, avec quelques personnes on a eu une petite idée. Pour illustrer cette petite idée, j'aimerai faire un parallèle entre la manière dont est traitée la naissance de nos jours et la manière dont la natalité était considérée il y a une trentaine d'année. Et notre petite idée c'est que nous pourrions peut-être traiter la mort et la fin de la vie, comme la natalité aujourd'hui. Dans les années 80 aux états-unis sont nés avec la génération des babyboomers des mouvements en faveur d'une prise en compte plus globale de la natalité, d'une naissance plus naturelle et plus respectueuse, de l'enfant à naître, de la mère mais aussi du père. L’accompagnement global à la naissance c'est considérer que la grossesse et la naissance ne sont ni une maladie ni un acte médical, mais des processus naturel. De ces mouvements ont émergé toute les politiques d'accompagnement et de suivi de la grossesse, de préparation à l'accouchement, de naissance naturelle et de suivi après la naissance. Alors la petite idée ce serait de se demander mais pourquoi la mort qui est aussi un processus naturel, ne serait pas considérée de la même manière ? Sachant que cela va tous nous arriver, souvenez-vous, la catastrophe ferroviaire, comment pouvons-nous devenir acteur de notre propre mort ? Comment pouvons nous penser à nos proches et alléger le fardeau des décisions qui s'imposeront à eux lors de notre vieillissement et notre mort ?

Alors le projet, c'est que cette petite idée pourrait se concrétiser au travers d'une entreprise, mais pas n'importe quel type d'entreprise. Une entreprise coopérative, dans laquelle nous pourrions tous devenir acteur de notre propre mort mais aussi de la fin de notre vie. Une entreprise qui permettrait de rassembler des acteurs de l'accompagnement de fin de vie, de l'organisation des obsèques, de l'accompagnement au deuil. Une entreprise qui vous permettrait d'aborder tous les sujets qui ont à voir avec la fin de la vie et les obsèques. Une entreprise co-propriété de ses usagers. Une entreprise qui n'utiliserait pas ses bénéfices pour participer à l'enrichissement personnel ou à rentabiliser des fonds d'investissements comme cela peut être aujourd'hui le cas pour les pompes funèbres privées, mais qui utiliserait ses bénéfices pour sensibiliser, informer, conseiller, accompagner ses membres, afin qu'ils puissent, non pas éviter la mort, elle est inévitable, mais au moins leur permettre de s'en occuper et d'en devenir des acteurs, se réapproprier ce moment qui fait fait partie du processus de vie.

Il s'agit donc d'un projet de création de coopérative de services funéraires, d'organisation d'obsèques, qui serait la copropriété de ses membres, au service de ses membres ; Une agence funéraire qui s'engagerait à accompagner et conseiller largement en amont du décès, afin de leur faciliter les prises de décisions, aussi bien sur la fin de la vie que sur l'organisation des obsèques pour eux et pour leurs proches, une entreprise qui permettrait d'organiser de véritables hommages et rituels personnalisés en fonction des croyances et des ressources de chacun, une entreprise qui proposerait également un accompagnement au deuil quand cela est difficile, pour permettre à chacun de dire au revoir et de revenir à la vie malgré le décès d'un proche.

Donc si tout ce que j'ai dit fait écho à votre expérience, aux valeurs que vous défendez, alors participez et contribuez à ce que cette coopérative, qui serait la première en France, voit le jour. Pour suivre le projet et le soutenir inscrivez-vous et laissez-nous vos coordonnées en complétant ce formulaire

1 commentaire:

  1. Les funéraires sont souvent difficiles, mais au moins on peut se préparer pour le décès de nos proches. Quand ma grand-mère est décédée, on était vraiment unie comme famille. Pendant une expérience triste, on s’est soutenu mutuellement. C’était une tellement cool expérience. Merci pour votre article !
    Gustave | www.claudemarcoux.com

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